lundi 21 janvier 2013

S'



 


 Sécheresses
Sécrétion
Souiller
 Sperme 
Simple
Sentir
Se les
Sang
Sons
Sexe
Se la
Se l'
Sal
Se
S'
 

أريد الإنتظار

أرى وجهه في كل الوجوه
أريد أن يكون كل باريسيين مثله
ولدوا من أم يهودية تونسية 
و من أب مسلم مغربي
ولدوا في بلاد هي بلادهم 
و يحسون رغم دلك بحنين لبلد أخرى 
لوجوه أخرى 
لالوان أخرى

أريد أن يدهب كل الباريسيون
 بينما أنتضر أن يرن هاتفي
 إلى بلادي
وأن أعرف بالصدفة 
  أنهم لا يجيبون لأنهم غيروا ارقامهم

 أريد الإنتظار
إنتظاراللا شيء
إنتضار جميع جميع الباريسين
الملونين
الرائعين
الكئيبين 

"Et ainsi d'heure en heure nous pourrissons, pourrissons."

La jetée de Chris Marker.
Il y a une heure, seulement, j’étais avec H. au café Saint,
pour une heure, seulement.
Dans une heure, elle sera à Nantes.
Je ne la verrai peut être pas avant un mois ou deux.
Nous avons pris l’habitude de nous arranger pour nous voir dans le court moment transitoire à Paris quand elle rentrait au Maroc ou du Maroc en avion avant de reprendre le train ou après l'avoir pris de Nantes ou pour Nantes. 
Dans le même café Saint, il y a à peine 3 mois, je le rencontrai pour la première fois. Les 3 mois ont été suffisants pour se rencontrer, se découvrir, s’aimer, se disputer, se haïr, se re-aimer et enfin se quitter. Il est certainement déjà à Beyrouth.

Dans cette ville de passage, cette ville où ceux qui viennent savent déjà qu’ils vont repartir, les histoires d’amour sont concises. Alors nous faisons en sorte de tout vivre à la va vite, aussi intensément que si cela avait duré des années, une vie. Nous sommes aussi amoureux pour une amourette que pour une histoire d’amour à vie. Les amourettes n’existent plus, puisque les amours n’existent plus. Il n'y a plus que des amours condensés dans le temps.
Certains appellent ça des plans culs. Moi, j’aime vraiment, comme une adolescente, tous les 3 mois, un homme nouveau. La peur de le voir partir me prend déjà à la première rencontre.
Il n'y a pas de temps au rêve à Paris. Alors on le prend. On ne dort pas la nuit pour prolonger les jours. On continue à s’aimer par textos après s’être quittés. On prolonge le réel dans le virtuel. Nous rêvons en différé l’amour éternel. Puis on prend l’avion pour un weekend ou une semaine pour faire du tourisme amoureux. Mais les touristes de l’amour ne connaissent pas l’amour. Ils ne connaissent que son Club Med, son bazar, ses dromadaires, ses singes et ses dunes.
Et nous nous dirons au revoir au lieu d’adieu pour se convaincre que nous ferons durer le plaisir. 
Et Nous nous dirons « de toute façon tu as mon Facebook et mon numéro ».
Même si nous savons déjà que le temps et la distance feront parfaitement leur travail comme à chaque fois.
Que le temps et la distance nettoieront le moindre souvenir d’odeur de peau.

‘‘A toi de voir, cocotte!’’

Je suis au Café Noir. Une jeune femme me tend une carte avec sa photo dessus portant une perruque verte. C’est écrit en allemand. Elle me dit : Je joue tout à l’heure au sous-sol, si tu veux venir. Puis s’en va poser des cartes sur les tables encore vides du Noir. 
Je tourne la carte, un post-it écrit en français était collé de l’autre côté, cachant les explications allemandes. ‘‘Dimanche 15 avril, à 16h.’’ Le 15 avril ? étions-nous vraiment le 15 avril ? 
Je retourne la carte encore. Elle était là, perruque verte et rouge à lèvres rouge. Elle clignait de l’œil gauche et me fixait du droit. Ce n’était pas un clin d’œil séducteur, encore moins complice. Juste une grimace. Elle serrait tellement fort son œil gauche que des petites rides apparaissaient sur le coin de son œil et le haut de son nez. 
Elle avait l’air de dire : ‘‘A toi de voir, cocotte!’’


Marcher Sur place


J’ai l’impression de marcher sur place depuis des jours.

Était-ce moi qui parcourais ces espaces ? 
Ou était-ce ces espaces qui défilaient autour de moi? 

Ai-je vraiment quitté mon pays ?
Était-ce mon pays ?
Quelle est cet endroit, qu’on appelle mon pays?
Peut-on appeler son pays un endroit qu’on a envie de fuir à chaque fois qu’on y est?
Ou le devient-il à partir du moment où on le quitte ?

Tapis roulants                                         Escalators                                                         Ascenseurs
Vous font avancer d'un point A à un point B 
Vous font vous déplacer d'un point A à un point B 
Sans le moindre effort, vous avancez
Vous êtes transporté
Vous y croyez 
Vous y êtes 
De A à B
ou de B à A 

Mais les 

Tapis roulants                                       Escalators                                                         Ascenseurs
Oublient de vous rappeler leur réelle condition
Oublient de penser à ce qui se cache dans leur ventre 
Oublient de gargouiller, d'assumer leurs entrailles 
Oublient qu'ils
Ne font que tourner
Sur place 
A l'infini
Jusqu'à épuisement


Au fond d'eux, ils le savent.
Au fond de vous, vous savez.
Au fond de moi, je sais.

dimanche 20 janvier 2013

Aimer aujourd'hui

Faouzi Bensaïdi et Nezha Rahil dans WWW.
Lui, dort à côté. 
Il y a quelque mois il était à des milliers de kilomètres
Et m'appelait tous les jours. 
"Skype dans une heure?"
Sur l'écran, son visage, me souriait
"Comme tu es belle"
Pâle, fatigué, triste, la distance le fatiguait, le solitude le déprimait. 
Mais il était là, tous les jours, sur mon écran, à me dire que j'étais belle sur le sien. 

Aujourd'hui, lui, dort à côté.
Derrière un mur, une porte, je l'entend même respirer.
D'ailleurs, il respire mal. 
Peut être n'arrive-t-il pas à dormir, comme moi. 
Mais ce n'est pas pour cela qu'il va se lever, ouvrir la porte ou traverser le mur, et dire:
"Skype dans une heure?"

L'amour est-il attente ? 
La passion vient-elle du manque ? 

Faut-il que nous disparaissions et que nous redevenons des images sur des écrans, des voix dans des téléphones, pour mieux s'aimer, pour s'aimer de nouveau?

 ...

Dans WWW de Faouzi Bensaïdi, une femme et un homme s'aiment mais ne se rencontrent jamais vraiment. Ils se parlent par voie téléphonique. Ils ne font que se croiser et ne se reconnaissent pas. 
Ces brèves et rares rencontres sont presque irréelles, vaporeuses, suspendues dans le temps. Le temps s'étire, le montage ralentit, la musique s'adoucit, un regard dure une éternité.

Et puis, l'action reprend, effrénée, indifférente à ces quelques exceptions rythmiques. 

Et quand enfin ils s'enlacent, leurs corps sont criblés de balles. Sang, bouts de vêtements, lambeaux de chair... Les corps sont violemment détruits à leur premier réel contact physique et amoureux.
Leur amour n'était possible, envisageable, pensable que dans la distance, dans le manque, dans l'attente de la rencontre.